Notre mental est-il censé nous aider à évoluer, à nous faire souffrir, à nous faire rire ? Est-ce que c’est le mental qui nous utilise ou c’est nous qui l’utilisons pour être toujours dans le présent ?
Moi : Je dois dormir maintenant et arrêter de penser, mais j’ai beaucoup de choses à faire demain. Je ne sais pas si je peux tout réaliser. De toutes les façons, il n’y a pas mort d’homme si je n’y arrive pas à tout faire. Toutefois, il ne faut pas que j’oublie de finir le rapport, de répondre à cet email urgent et de préparer la prochaine réunion. Ah oui, aussi, j’ai un rendez-vous avec le médecin puis je dois faire les courses. D’ailleurs, je ne peux pas m’occuper de tout dans cette maison ! J’ai promis d’appeler ma cousine pour demander de ses nouvelles et voir de quoi elle a besoin. Ce n’est pas grave si je ne l’appelle pas. Cependant, elle n’appréciera pas cela. Mais moi j’ai beaucoup de choses à faire tout de même, je ne peux pas me cloner ! Elle comprendra, je l’appellerai après-demain. Bon, j’espère qu’elle ne s’énervera pas en me faisant ses remarques désobligeantes comme d’habitude. Il y a mon pied qui me gratte, c’est sûrement mon allergie puisque c’est le printemps. Je dois dormir, il se fait tard et je me réveille tôt le matin. J’ai soif, je vais boire de l’eau, après je dois aller aux toilettes. Attends, qu’est-ce que je vais préparer à manger pour demain ? J’en ai marre, je dois tout faire, je suis fatiguée. Il faut que j’arrête de penser. Toi qui pense, mon cerveau, arrête de penser ! Mais qui pense ?
Moi supérieur : Crois-tu que cela est « Penser » ?
Moi : J’ai envie d’appuyer sur un bouton Off pour que mon mental se tait !
Moi sup : Ton esprit est vide. Tu crois que tu penses mais tu ne penses réellement à rien. Tu crois que tu penses et que tu es en train de résoudre tes problèmes, mais il n’en est rien.
Moi : Comment cela ?
Moi sup : Ton mental fait du surplace, comme le hamster qui fait tourner une roue dans sa cage. Est-ce que cet animal va loin ? Non, tout comme toi, ton mental tourne dans le vide. N’est-ce pas illusoire de t’inquiéter pour beaucoup de choses qui n’ont pas lieu réellement dans ton lit ?
Moi : Mais j’essaye de trouver, d’anticiper les solutions afin de me préparer à les appliquer le moment venu. Aussi, j’ai besoin de me rappeler des choses à faire pour ne pas les oublier. C’est de la répétition mentale !
Moi sup : Ainsi, tu t’es mise d’abord dans la position d’oublier puis dans la position de te rappeler car tu vas les oublier. Tu ne fais que ressasser des pensées du passé et anticiper des évènements du futur qui n’ont pas encore eu lieu. Ainsi, ton mental ne pense pas, il est vide. Tu es actuellement dans ton lit, rien ne se passe et tu donnes de la signification à des choses et à des pensées qui n’existent pas.
La répétition mentale est une bonne technique pour préparer ton corps et ton mental, les conditionner face à la réalisation d’une tâche bien spécifique, comme le font les athlètes afin d’atteindre leurs objectifs. La pensée engendre l’action puis le résultat réel. Mais ici tu as besoin d’abord de la discipline mentale car ton esprit est égaré entre le passé et le futur. Tu ne fais que t’inquiéter sans cesse et stresser pour quelque chose qui n’est pas encore là.
Tu essayes de trouver des solutions à des problèmes qui ne se sont pas encore manifestés et c’est toi qui les crée en anticipant différents scénarios et en prédisant l’avenir. Personne ne peut prédire l’avenir, ce n’est qu’une illusion. Même, si tu as des problèmes, penses-tu que la solution se situe au niveau de l’analyse du problème lui-même, là maintenant dans ton lit, il sera résolu ?
Tu peux revoir mentalement ta liste des tâches à faire pour la mémoriser sans plus. Ton mental n’est qu’un outil qu’on utilise puis qu’on dépose. Il ne devrait pas s’accaparer de toi, tout au long de la journée car tu ne fais qu’endurer sa souffrance, en te maintenant, comme le hamster, dans une roue qui tourne en rond sans avancer.
Moi : Oui, j’ai lu dans le livre L’Âme Délivrée, que ce dialogue incessant est une forme de souffrance. Par exemple, lorsqu’on va bien, on ne va pas s’intéresser à notre corps physique. On commencera à s’en préoccuper et à y penser que quand on a quelque chose qui nous fait mal. De même, ce dialogue constant prouve que notre mental ne va pas bien car on se préoccupe de notre bien-être psychologique « Que dois-je faire ? … Que dois-je dire ?… ». Dans le cas contraire, aucun dialogue ne se ferait puisqu’on ne s’intéressera pas à notre mental.
Moi sup : Il te faut apprendre à reconnaître lorsque ton mental ne pense pas. C’est-à-dire, lorsqu’il se balade entre le passé et le futur. Réellement, la résolution des problèmes ne se fait pas au niveau du problème, en trouvant les bons arguments. Lorsqu’on a mal à une dent, on peut prendre des antalgiques pour réduire la douleur. Toutefois, cela peut ne pas résoudre le vrai problème. En réalité, il y a une carie qui doit-être traitée. Tu crois que tes pensées sont réelles alors que ton mental est vide et il n’est rempli d’aucune pensée qui soit réelle. Tu imagines des choses, tu les interprètes et tu les rends réelles alors qu’il n’en est rien, tu es dans ton lit. Tu arrives même à ressentir des choses rien que par ces pensées illusoires, comme ta petite colère contre ta cousine puisque tu prédis qu’elle ne va pas te comprendre… Une pensée entraîne l’autre, tu as commencé par ce que tu dois faire demain, tu es arrivée à une dispute avec ta cousine, puis à ton allergie, à avoir soif, etc.
Moi : Comment j’arrête penser ?
Moi sup : Reconnais d’abord que cela n’est pas penser, tu divagues entre passé et futur, ton mental n’est rempli de rien, tes pensées sont irréelles et illusoires. Examine pendant une semaine voire plus ton mental. Observe les pensées qui surgissent sans essayer de les contrôler. Essaye de te familiariser avec ce mental qui t’obsède tout au long de la journée et qui t’arrache du moment présent pour t’emmener ailleurs et te miner le moral. Je ne dis pas qu’il ne faut pas imaginer de belles choses mais laisse tomber ce qui te mine le moral. Comme tu t’es habituée à stresser pourquoi ne pas t’habituer à faire le contraire, à devenir créative grâce à ton imagination, qu’est-ce que tu y perds sauf ta souffrance et qu’est-ce que tu y gagnes sauf ton bien-être et ta santé.
Moi : Je me rappelle d’une citation qui dit que notre vie est le reflet de notre état d’esprit, elle sera aussi bien que notre mental l’est.
Moi sup : Nous ne pouvons pas nier qu’il y a beaucoup de souffrance dans la vie, devons-nous pour autant cesser de vivre et se lamenter sur notre sort ? La vie est action et nous devons toujours avancer. On naît dans un monde avec un système de pensées qui n’est pas forcément le nôtre et on est conditionné pour hériter les perceptions des autres. Ces perceptions, ces pensées y compris les émotions existeront avant nous et après nous. Ton mental a-t-il été conditionné depuis ta tendre enfance pour ajouter une couche de souffrance à ce qui existe déjà et à te conformer à ce système sans le mettre en doute ? Ne pouvons-nous pas penser autrement en acceptant qu’il y a déjà assez de souffrance pour pouvoir la dépasser. Il faut cesser de vivre dans le passé et dans un futur qu’on prédit très inquiétant. Il y aura des événements qui vont nous marquer et nous faire souffrir. On ressentira ce qui doit être ressenti et sans prendre la fuite. Puis, on apprendra à ne pas nous attacher à cette souffrance et à la nourrir car là on aura fait le choix de continuer à souffrir. On maintient la conscience collective humaine dans la souffrance, il y a les guerres, la famine, les massacres, etc. Bien évidemment, tu me diras que tout est relatif. Je te dirai qu’il n’y a pas une échelle de mesure pour la souffrance lorsqu’une personne souffre réellement. D’ailleurs, à moins que la personne change de système de pensées, de perceptions et de ne plus se considérer comme une victime, sa souffrance la liera au passé ou à un avenir très inquiétant et son mental la retiendra prisonnière.
Moi : oui, j’ai lu des histoires de personnes qui ont bien réussi leur vie et qui se sont radicalement transformées. Ces personnes ont vécu dans une misère atroce ou étaient le seul membre de la famille qui a survécu à un génocide ou elles ont fait face à une mort atroce de leur enfant, etc. Des cas bien extrêmes, mais qui montrent de quoi nous sommes réellement capables pour dépasser cela et ça remonte vraiment le moral. Oui, notre mental perpétue une sorte d’illusion si on se livre à son jeu. En conséquence, on aura une sorte de mental statique et fixe. En revanche, on peut l’utiliser pour nous permettre d’évoluer. Dans le livre la vie impersonnelle, on nous dit que penser c’est créer.
Moi sup : Tu peux examiner ton mental pendant de brefs moments lors de ta journée, juste réserve toi une minute pendant trois périodes ou plus si tu le souhaites. Nomme chaque pensée qui passe, le sujet auquel elle se rattache et comment elle te fait sentir. Accepte juste d’observer, sans juger et n’essaye pas de stopper le flux ou de le contrôler afin de ne pas lui donner plus de pouvoir qu’il en a. Imagine-toi comme un spectateur qui regarde un film projetant ces pensées qui défilent. Tu n’es pas ces pensées ou ton mental mais le spectateur qui les observe. En prenant de la distance par rapport à ces pensées et en se détachant d’elles, tu verras que ton mental n’aura plus le dessus sur toi. Ces pensées surgiront mais tu ne seras plus en réaction par rapport à elles, tu ne les suis plus et le film prend fin.
Moi : Ok, merci. J’ai trop sommeil. Je vais dormir sur tout ce que tu m’as dit.
Moi sup : Oui, rappelle-toi toujours d’emporter de belles idées avec toi dans ton sommeil. Ceci s’imprimera en toi. N’oublie pas que ceci est valable aussi pour toutes tes inquiétudes. Bonne nuit.
Ça m’arrive assez souvent ! 😝
Oui ça arrive à la plupart de nous 😄
Je qualifie cela de délire mental.
Mental quand tu nous tiens, il peut nous emmener très très loin 😉