Sommes-nous les victimes de notre génétique ? Nos gènes ont-ils le dernier mot sur nous ? Pouvons-nous changer l’expression de nos gènes et de nos protéines et ainsi l’expression de notre matériel génétique ? Qu’en est-il alors des maladies héréditaires ? Notre destin est-il scellé dès notre naissance par notre ADN ?
La science a réalisé beaucoup de progrès afin de nous éclairer sur notre vrai potentiel humain.
1. Introduction
A l’école ou à l’université, on nous a enseigné le dogme central de la biologie. Ce dogme stipule : à partir de l’ADN, on va répliquer une copie de ce dernier pour avoir de l’ARN qui synthétisera à son tour une protéine.
Dogme central : ADN –> ARN –> protéine
En suivant ce cheminement linéaire, on ne peut que constater la suprématie de la génétique, c’est-à-dire l’ADN, sur le corps humain. C’est une voie à sens unique ! Alors, nous sommes devenus les victimes de nos gènes qui contrôlent notre biologie. D’ailleurs, on est bien familier avec cette expression « de toutes les façons, c’est génétique ! ». Ceci dit, on va probablement hériter telle ou telle maladie de notre famille. En outre, on attendra patiemment notre destin fatal puisque nous sommes impuissants. Quel destin tragique n’est-ce pas ?
Et si on réécrivait l’histoire car actuellement, il y a toute une science nommée « épigénétique » qui vient éradiquer l’ancien paradigme. La voie n’est pas réellement à sens unique et d’autres facteurs entrent en jeu. La bonne nouvelle, c’est que seulement 5% des maladies peuvent être causées par des gènes héréditaires ayant subi une mutation. Tandis que le reste, 95% ne seront pas transmis à moins d’y préparer l’environnement adéquat.
Retenez bien, pour la suite de l’article, le mot « environnement » et non gène.
2. Epigénétique
Le mot « Epi » vient du grec et veut dire « au-dessus ». Ainsi, épigénétique signifie au-dessus de la génétique.
Définition : L’épigénétique est un domaine scientifique émergent qui étudie les changements héréditaires causés par l’activation et la désactivation de gènes sans changer la séquence d’ADN sous-jacente de l’organisme [1].
En des termes plus simples, l’épigénétique nous dit que ce ne sont pas les gènes qui se contrôlent tout seuls en s’activant ou en se désactivant. En effet, l’épigénétique étudie les mécanismes de régulation des gènes. Cette science établit le lien entre notre environnement et le processus de régulation des gènes suite à un signal provenant de l’environnement. En peu de mots, c’est notre environnement qui agit sur l’expression des gènes.
Par conséquent, on apprend que nos gènes ne contrôlent pas notre biologie et ils ne sont pas responsables d’activer leur propre programmation. Par ailleurs, nos gènes ne se régulent pas tout seuls, pour produire telle ou telle protéine, voire telle ou telle maladie.
Ainsi, ce n’est pas parce que nos ancêtres ont une maladie que nous allons forcément l’hériter. Bien évidemment, ceci est possible si nous lui fournissions l’environnement adéquat.
Par environnement, on sous-entend :
– L’environnement extérieur (air, nourriture, etc.).
– L’environnement intérieur, au niveau cellulaire : nos émotions, nos pensées, nos croyances et toute la biochimie qui se met en place pour créer notre état intérieur.
En conclusion, nous sommes les seuls maîtres pour contrôler notre expression génétique.
3. Environnement
Notre mode de vie a une incidence directe sur nos gènes et par-delà la production des protéines synthétisées pour faire fonctionner notre corps.
Imaginons alors que peut faire le stress sur notre corps. On sait que quand on est stressé, le corps va générer certaines hormones (cortisol) et affecter notre système immunitaire. A travers cet exemple, on voit bien qu’à partir d’un signal provenant de notre environnement externe (une situation stressante), on va ressentir une émotion. Chaque émotion a ses équivalents chimiques qu’on nomme peptide, le signal interne. Ce dernier va se frayer un chemin jusqu’à l’ADN de la cellule. Par conséquent, il va activer l’expression du gène qui va produire, par exemple, le cortisol. En outre, le cortisol va affecter à son tour notre système immunitaire.
Aussi, je vous laisse imaginer ce qui se passe en ressentant les mêmes émotions et en ayant les mêmes pensées, jour après jour face aux mêmes situations. Par conséquent, on est pris dans la même spirale qui active et désactive les mêmes gènes et les mêmes protéines. Cela produit les mêmes habitudes, mêmes choix et mêmes décisions pour engendrer et attirer à nous les mêmes situations. En réalité, notre expression génétique reste inchangée – on ne change pas.
Dr Bruce Lipton (lire ma synthèse Biologie des Croyances) est parmi les premiers biologistes à avoir constaté l’effet de l’environnement sur les cellules humaines. En utilisant les mêmes cellules et en changeant leur environnement, ces dernières ont réagi différemment. Par exemple, face à des agents inflammatoires, les cellules se sont transformées en des macrophages, des défenses immunitaires.
Dans son livre Biologie des Croyances, il expose plusieurs études scientifiques montrant l’altération des mécanismes épigénétiques par l’environnement. En conséquence, ces altérations par l’environnement causent des maladies telles que le cancer, les maladies cardiovasculaires et le diabète. Par exemple, une étude montre comment le changement de mode de vie et de nutrition, pendant 90 jours, chez des patients atteints du cancer de la prostate, a permis de modifier l’activité de plus de 500 gènes. Ce qui a réduit la formation des tumeurs [2]. En somme, c’est l’environnement qui l’emporte sur les gènes !
Par conséquent, mode de vie, émotions et pensées dirigent notre biologie. Si vous souhaitez attendre d’hériter telle ou telle maladie de vos ancêtres, et bien vous favoriser l’environnement pour l’avoir. Vous devenez les victimes de votre vie. Alors devenons responsable de notre propre santé.
4. Epigénétique et génome
Le grand projet GENOME [3] a permis d’identifier 19.000 gènes chez l’humain, en sachant qu’approximativement 150.000 protéines ont été découvertes. Seulement 2% de notre ADN est constitué de gènes. Le reste, on le nomme ADN poubelle car il ne code pour aucune protéine.
Ainsi, à partir de ces données, les scientifiques ont réalisé, grâce à l’épigénétique, qu’un gène peut-être transcrit en à peu près 3000 protéines différentes. En d’autres termes, nous avons pu comprendre pourquoi nous avons un nombre limité de gènes qui n’est pas égal au nombre de protéines. En effet, à partir d’un gène nous pouvons produire plusieurs protéines.
Aussi, l’ADN qualifié de poubelle n’est pas un terme approprié. En réalité, cet ADN non-codant contient des modules de protéines qui permettent la régulation des gènes. D’ailleurs, c’est l’un des mécanismes de l’épigénétique. Ainsi, en fonction du signal environnemental envoyé à nos cellules, l’altération de ces modules de protéines active tel ou tel gène qui sera traduit en telle ou telle protéine. Dès lors, ces protéines peuvent promouvoir la santé ou la maladie. Grâce à l’épigénétique, on sait maintenant que nous pouvons changer l’expression de nos gènes en créant des protéines fonctionnelles ou dysfonctionnelles. En réalité, nous ne sommes pas nos gènes.
J’aime cette explication toute simple du Dr B. Lipton (Biologie des Croyances) pour nous faire comprendre la fonction de cet ADN non-codant. Il nous dit simplement d’imaginer les gènes comme des pièces de LEGO. Par ailleurs, l’ADN non codant est le manuel d’instructions pour assembler les blocs en utilisant ces mêmes pièces.
Grâce à l’épigénétique, nous savons que nous pouvons changer l’expression de nos gènes en fonction de notre réaction à notre environnement. On a le contrôle en changeant notre environnement ou notre perception de notre environnement. De cette façon, en changeant nos émotions, nos pensées, nos croyances et notre mode de vie, on va pouvoir changer de vie et éviter les maladies.
Nous comprenons maintenant tout le sens de la fameuse phrase « change tes pensées et tu changes ton monde » de Norman Vincent Peale. En d’autres termes, par nos pensées et nos croyances, nous agissons sur la biochimie de notre corps et nous changeons tant notre matériel génétique que notre vie.
Credit : Photo by National Cancer Institute on Unsplash
[2] Ornish D. et al. (2008). “Changes in prostate gene expression in men undergoing an intensive nutrition and lifestyle intervention.” Proceedings of the National Academy of Sciences 105: 8369-8374.
[3] www.genome.gov